Petite leçon d'anim : chapitre 1 : Annecy

Je tenais à parler ici de quelque chose qui me tient tout particulièrement à coeur en tant qu'ex-étudiant en anim, et je pense que tous ceux qui comme moi y ont été, liront peut-être ces lignes avec une pensée émue.

Je parle du festival d'Annecy.

Le festival international du film d'animation d'Annecy (ou le FIFA, pour les intimes, à ne pas confondre avec une autre corpo d'un autre domaine tout aussi animé), c'est le rendez-vous annuel de tout bon étudiant en anim de la Cambre, et euh... en fait de tout bon étudiant en anim tout court.

Ce qui déchire avec ce festival, histoire de situer pour ceux qui ne connaissent pas, c'est :


a) L'endroit :

Perdu au fond d'une vallée de la Haute-Savoie face un lac sublimement turquoise (ou turquoisement sublime, c'est selon), quelque part dans les Alpes françaises et tout près de la Suisse... bref, faut avouer que c'est là un véritable enchantement pour les yeux. Qui plus est, la vieille ville semble tout droit sortie d'un vieux film de cape et d'épée, avec plein de hautes bicoques toutes aussi hautes en couleurs, le tout bâti en vieilles pierres qui sentent bon le 17e siècle ; regorgeant de petites ruelles et d'arches d'où on a l'impression qu'à tout moment peut surgir une troupe de spadassins, mis en déroute par quelques mousquetaires qui bondiraient de la fenêtre du 1er étage à flanc de colline... Vous l'aurez compris : rien que la ville en elle-même fait déjà frétiller l'imagination alors même que le festival n'a pas encore commencé !

b) Avant d'entamer ce 2e point, il convient de faire un petit rappel : un bon étudiant en anim est une curieuse espèce vivante en voie d'extinction, souvent le teint pâle, dû au trop grand nombre d'heures passées dans l'obscurité sur son film et à la lueur de son ordi ; et n'ayant par défaut pas de vie sociale, préférant s'enfermer dans l'obscurité de son studio, de son école, ou encore de sa chambre 24h/7j, histoire de mieux faire corps avec son projet, ce qui le condamne à plus ou moins court terme à disparaître si il ne se décide pas de temps en temps à sortir de son travail pour bouffer, respirer, dormir... bref, des ptits trucs à la con, quoi.

Or donc, vu le manque flagrant de sociabilisation dû au trop grand nombre d'heures de taf, le bon étudiant en anim va vite se sentir un marginal incompris de la société : mis au ban par ses amis "parce que t'as jamais le temps" sans qu'ils se privent toutefois de le traiter affectueusement dans son dos de glandeur fini ; mis au ban par l'éventuelle copine (ou copain, c'est selon) toujours pour les même raisons ; raillé au mieux , menacé au pire par les parents qui lui somment de se trouver un "boulot sérieux" (comprenez "qui rapporte gros")... et la liste est encore longue. Il se trouve donc que ce sont ces quelques raisons qui font que sa raison à lui se retrouve parfois dans une position relativement bancale.
Imaginez donc qu'à la fin de l'année scolaire, après avoir enfin fini ce putain de film qui lui aura sucé un an ( si pas 2 ) de sa vie, ledit étudiant débarque tout innocemment dans un environnement où il se rend compte que NON, il n'est pas seul au monde, et que OUI, il existe un immense tas de gens de par le monde, étudiants ou pas, tout aussi fêlés que lui pour choisir une vie en plein dans les rêves et bien loin de la vie,... et qu'ils se retrouvent tous ou presque, là, devant lui, le plus naturellement du monde, une ville entière de différents horizons, à partager l'espace d'une semaine la même passion que lui.

C'est le moment de bander, là, petit !


Voici donc pour la petite mise en situation, histoire que vous puissiez un peu mieux imaginer ce qui se passe dans la tête d'un apprenti dessanimateur qui se retrouve à Annecy (surtout si c'est sa première fois). Certains s'y reconnaitront, d'autres moins, d'autres pas du tout, mais si un de ces 4 vous avez une semaine de libre à la mi-juin, c'est quelque chose que je vous invite très chaleureusement à faire.

J'y reviendrais lors d'une prochaine note pour les diverses aventures qui m'y sont arrivées.

Mais place aux images :


Une vue du camping du Belvédère, où on squatte d'habitude







Sur la route du Camping au festival, en plein dans la vieille ville, avec ses pentes, ses petits canaux... et ses magasins


Le Théâtre Bonlieu, haut-lieu du festival ou toutes les projos principales passent (j'ai qu'une photo de nuit)


... et à l'intérieur, dont la déco change chaque année. Par exemple, en 2005 ...


...et la grande salle proprement dite



Suite au prochain épisode...